Critique : Annie au Picadilly Theatre de Londres
Publié le 01/11/2017 par Tony Comédie.
J'ai assisté la semaine dernière au revival londonien de la comédie musicale Annie au Picadilly Theatre. Histoire simplissime, décors cheaps, comédiens d'une extrême platitude... ma déception est réelle.
Comme beaucoup de personnes de ma génération, j'ai découvert Annie grâce au film de 2014 avec Cameron Diaz dans le rôle de Miss Hannigan. J'ai ensuite vu le film original de 1982 puis la représentation en 2017 de la maîtrise populaire de l'Opéra Comique de Paris.
J'ai toujours trouvé l'histoire d'Annie un peu niaise et d'une trop grande simplicité. Annie est une orpheline du Bronx qui rêve de retrouver ses parents, dont elle ignore qu'ils sont morts dans un incendie. Elle se trouve une nouvelle famille auprès du milliardaire Warbucks, qui après l'avoir invitée chez lui quelques jours dans le cadre d'une campagne de charité se prend d'affection pour la petite orpheline et décide de l'adopter.
Je rêvais d'assister à ce revival londonien car je n'avais jamais vu Annie sur scène dans une production professionnelle. Me voilà donc au Picadilly Theatre. Le cadre de scène est constitué de pièces de puzzle, qui ne sont pas sans rappeler les décors de Matilda. Mais contrairement à Matilda qui nous proposait un visuel impeccable, le rendu est ici beaucoup plus approximatif...
Les décors de cet Annie ne sont clairement pas à la hauteur d'un spectacle du West-End. Alors que les lits de l'orphelinat devraient en toute logique descendre sous le plateau grâce à d'ingénieux ascenseurs, ils sont simplement déplacés à cour et à jardin par des membres de l'ensemble. Les quelques éléments de décor suspendus au grill semblent d'une extrême fragilité. A chaque porte claquée, le panneau en contre-plaqué sur laquelle la porte est fixée tangue pendant d'interminables minutes.
Une bonne partie de l'action se déroule pendant les fêtes de fin d'année. J'aurais voulu voir de la neige tomber sur le plateau, ou a minima un magnifique sapin de Noël. Il n'y a malheureusement rien de tout cela. La lampe d'une lyre a grillé pendant la représentation et l'une des poursuites était à deux doigts de nous lâcher (son scintillement permanent était pour le moins désagréable). Bref, le laisser-aller de la production est flagrant.
Les comédiens ne sont pas mauvais, mais leur interprétation manque de conviction. Miss Hannigan, directrice de l'orphelinat jouée Craig Revel Horwood, devrait être beaucoup plus méchante et sordide qu'elle nous l'est proposée ici. Quant au couple de truands Rooster Hannigan et Lily St Regis, il est censé être la caution comique du spectacle. Mais le public ne rit pas.
Certains passages sont à la limite du ridicule, notamment lors de la scène N.Y.C., qui devrait pourtant être un des climax du spectacle. Imaginez deux membres de l'ensemble vêtus de jaune et censés imiter des taxis new-yorkais... on est bien loin du numéro grandiose que j'attendais. Les scènes où Warbucks rencontre le président américain, qui sont censées permettre aux spectateurs adultes d'avoir un niveau de lecture historique de l'oeuvre, ne sont pas crédibles. Enfin, le chien que récupère Annie lorsqu'elle s'enfuit de l'orphelinat au début de la pièce est plus présent sur l'affiche que sur scène, où il fait trois apparitions éclair sans aucun intérêt dramaturgique.
Evidemment, les musiques sauvent le spectacle. On ne peut s'empêcher de fredonner Tomorrow, It's the Hard-Knock Life ou Easy Street, chansons génialement composées par Charles Strouse et malgré tout fort bien interprétées par le cast.
Malgré une partition entraînante jouée par un orchestre de talent, j'ai été très déçu par cet Annie. Alors que les places sont vendues à des tarifs certes habituels pour le West-End mais tout de même très élevés, la qualité de production n'est clairement pas au rendez-vous. Passez votre chemin, et revoyez plutôt les films qui en ont été inspirés.
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