Critique : Cats au Théâtre Mogador

Publié le 07/10/2015 par Tony Comédie.

Après le Roi Lion, La Belle et la Bête, Sister Act ou encore Mamma Mia!, le théâtre Mogador accueille une nouvelle adaptation française d'un grand classique du théâtre musical anglo-américain : Cats. Que vaut cette version made in France ?

A minuit, dans un terrain vague de la banlieue londonienne, un groupe de chats se réunit pour la bal annuel Jellicle, au cours duquel chacun se présente avec une chanson. A la fin de la cérémonie, le sage Deutéronome (Pierre-Yves Duchesne) doit choisir l’un d’entre eux afin qu’il bénéficie d’une nouvelle vie. Les numéros défilent, jusqu’à celui de la veille Grizabella (Prisca Desmarez), ex-beauté, mise au ban de la société féline pour être aller explorer le monde alentour.

Après le - relatif - échec du Bal des Vampires la saison dernière, Stage Entertainment France, propriétaire du théâtre Mogador, a bien l'intention de renflouer ses caisses. Alors quoi de mieux que le 3ème meilleur succès de Londres, 73 millions de spectateurs à travers le monde, des représentations dans plus de 300 villes et 7 Tony Awards pour reconquérir un public (dont je ne fais pas partie) peut-être déçu par les aventures du professeur Abronsius ?

Pourtant, en 1980, lorsque Cameron Mackintosh (producteur) et Andrew Lloyd Webber (compositeur) cherchent de l’argent pour monter Cats, les investisseurs londoniens ne croient pas à cette histoire de chats. Après quelques showcases, Cameron Mackintosh décide de publier une annonce dans les journaux financiers et récolte finalement 500.000 livres. Cats fait sa première à Londres en 1981 et débarque quelques mois plus tard à Broadway. Il restera à l'affiche 21 ans à Londres et 18 ans à Broadway.

Cats est d’avantage une revue qu’un book musical (comédie musicale avec une histoire linéaire), le seul fil rouge étant l'attente du choix de Deutéronome concernant le chat qui bénéficiera d'une nouvelle vie. Les paroles sont inspirées d’un recueil de poème de T.S. Eliot (Old Possum’s Book of Practical Cats). La musique signée Lloyd Webber - également compositeur du Fantôme de l'Opéra - est très variée (jazz, numéros de claquettes, rock n’roll qui devient un rap dans cette version modernisée), mais on en retient surtout le succès planétaire Memory, un chef d’œuvre de mélancolie et de sensualité, chanté par Prisca Desmarez dans cette version "Mogador".

Les décors, les costumes (John Napier) et les chorégraphies (Gillian Lynne) instaurent une ambiance lunaire et féline qui font l’une des grandes forces de ce spectacle. Il est d'ailleurs impossible de rendre la beauté des décors et des lumières en photo ou en vidéo. Allez-y, expérimentez par vous-même, et vous serez émerveillés.

Comme souvent avec les productions de Stage, les artistes délivrent une performance remarquable. Ils sont à la fois comédiens, danseurs, chanteurs et acrobates (oui, car dans Cats, il faut savoir tout faire !). C'est la raison pour laquelle certains artistes du casting sont étrangers, Stage n'ayant pas trouvé assez de talents complets et aboutis dans l'hexagone. C'est dommage, mais c'est ainsi. Tous ces chats sont parfaitement à l'aise dans un décor à leur taille et délivrent des chorégraphies et des harmonies d'une précision redoutable. J'aimerais citer Cédric Chupin, qui m'a bluffé par son talent dans le rôle de Munkustrap.

Mon seul bémol concernera l'adaptation française, signée, on en a l'habitude, par Nicolas Nebot et Ludovic-Alexandre Vidal. J'ai été déçu par une traduction pas assez travaillée (certaines rimes sont très pauvres, voir bancales), et frôlant parfois le ridicule.

Allez voir Cats, détendez-vous dans ce magnifique théâtre et laissez-vous porter par la musique, les chorégraphies félines, la magie et la poésie qui s'en émanent.

Ce spectacle constitue sans aucun doute la comédie musicale la plus épatante de la saison à Paris. Avec déjà plus de 70.000 places vendues, il se murmure déjà que Stage pourrait la prolonger pour une saison supplémentaire... le succès est en tous cas largement mérité. Amateurs et néophytes, courrez-y !

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