J’ai profité de mon dernier séjour à Londres pour assister à Come From Away. La comédie musicale canadienne primée par le Tony Award de la meilleure mise en scène en 2017 avait commencé son exploitation londonienne à peine quelques jours avant mon arrivée. Spoiler: je n’ai pas aimé cette pièce.
Come From Away est une comédie musicale écrite par Irene Sankoff et David Hein (livret, musique et paroles). Elle raconte l’histoire vraie du déroutage de 38 avions sur l’aéroport de la petite ville canadienne de Gander le 11 septembre 2001, l’espace aérien américain ayant été interdit de vol suite aux attentats. Cet événement a doublé la population de Gander pendant quelques jours et a provoqué des rencontres humaines inattendues.
La première qualité du spectacle est incontestablement sa mise en scène ultra millimétrée. La plupart des comédies musicales anglo-américaines le sont, mais celle-ci est incroyablement fluide. Les déplacements des comédiens et des éléments de décors (uniquement constitués de tables et de chaises) sont très rapides et ne permettent pas une seule seconde d’ennui.
Come From Away fait partie des comédies musicales où toutes les scènes s'enchaînent sans noir lumière ni changement de décor. Ce dernier est seulement constitué de troncs d’arbre à cour et à jardin (derrière lesquels les musiciens sont installés) et d’un fond de scène en bois. Simples mais efficaces, les décors laissent à la mise en scène le soin de faire voyager les spectateurs d’un lieu à un autre en quelques instants.
Il serait à mon avis difficile de créer une meilleure mise en scène à partir de cette pièce. Car si l’on retire la rapidité d’exécution… il ne reste pas grand chose. Les douze comédiens campent chacun différents personnages (on peut saluer cette performance d’acteurs), mais rares sont ceux qui font preuve d’une véritable prouesse vocale. Seule Rachel Tucker, qui joue le rôle de la femme pilote de ligne, parvient à se démarquer.
Après réflexion, je pense que le livret ne m’a pas du tout intéressé. En lisant les interviews des auteurs, j’ai appris qu’ils avaient compilé des témoignages de personnes ayant été réellement impliqués dans cet événement. Je pense qu’il s’agit là du coeur du problème : la pièce se résume à un recueil de témoignages égocentrés que j’ai trouvé sans intérêt. Elle manque cruellement de recul et d’un véritable point de vue d’auteur. Quand aux "blagues" contenues dans les dialogues, elles sont vues et revues... et franchement pas drôles. Le contraste avec Company, que j’avais vu la veille, est saisissant !
Pour ne pas arranger les choses, je dois dire qu’aucun stéréotype ne nous est épargné. Les auteurs ont trouvé le moyen de mettre en scène un couple gay, un noir, un juif, un musulman, une femme pilote de ligne et même un personnage ayant perdu un proche lors des attentats. Outre l’aspect catalogue qui semble avoir été construit pour plaire à toutes les minorités, les clichés sont omniprésents et m’ont mis mal à l’aise.
Finalement, j’ai trouvé l’écriture de Come From Away très facile (je n’ai pas évoqué la partition dont seule la chanson “Me And The Sky” restera dans les esprits). Heureusement, la mise en scène dynamique et ramassée (le spectacle ne dure que 100 minutes sans entracte) le sauve de la catastrophe.
Come From Away est actuellement joué au Gerald Schoenfeld Theatre de New York et au Phoenix Theatre de Londres.