Critique : Elisabeth au Festival Bruxellons!
Publié le 31/07/2022 par Tony Comédie.
Comme chaque été, j’ai passé la frontière belge pour découvrir la tête d’affiche du festival Bruxellons!. Après Evita, Sunset Boulevard et Blood Brothers, c’est l’opéra-rock Elisabeth qui a eu droit à une adaptation française et à une mise en scène spécialement conçue pour la cour du château du Karreveld.
Les années passent et se ressemblent… du moins pour ce qui est de la qualité des productions du festival Bruxellons!.
Elisabeth est une comédie musicale de Sylvester Levay (musique) et Michael Kunze (livret), créée à Vienne en 1992. Elle raconte l'histoire d'Élisabeth de Wittelsbach, plus connue sous le nom d’impératrice Sissi.
Les auteurs ont choisi de raconter la vie de ce personnage historique sous un angle assez tragique, le destin funeste de Sissi étant annoncé dès l’ouverture. Son assassin est également le narrateur. Il intervient sur scène à plusieurs moments de la vie d’Elisabeth, alors qu’en réalité il ne l’a croisée que le jour de sa mort. Cette omniprésence renforce le côté sombre de la pièce, sans compter le choix des auteurs de représenter la mort comme un personnage à part entière, qui tombe amoureux d’Elisabeth.
Cet aspect fantastique du livret ne m’a pas dérangé, il apporte au contraire du relief à une histoire finalement assez pauvre en action. Le deuxième acte est notamment assez long avec une succession de scènes dont certaines ne contribuent pas à l’avancement de l’histoire.
Malgré ce sentiment mitigé vis-à-vis de l'œuvre, la qualité de la production qui nous est proposée aboutit à un spectacle réussi, divertissant et sans temps mort.
L’adaptation française depuis l’allemand, signée Stéphane Laporte, est fluide et naturelle, ce qui n’était pas chose facile. Le décor est sobre et sombre, parfaitement adapté à l'œuvre. Les lumières sont très belles. Enfin, la mise en scène de Jack Cooper et Simon Paco est parfaitement réussie et intègre les contraintes de la production : grand plateau, extérieur, interactions avec le gradin. Les scènes s’enchaînent sans permettre le moindre instant d’ennui chez le spectateur.
La distribution est elle aussi à la hauteur. Signalons le remplacement au pied levé de Marie-Pierre Debrienne, covidée, par Romina Palmeri, dans le rôle-titre. Après seulement quelques jours de répétitions, Romina campe le rôle de l’impératrice Sissi à la perfection. Elle transmet ses émotions avec une grande justesse. Pour pinailler, je regrette simplement qu’elle n’ait pas suffisamment tenu certaines notes beltées, mais cela mis à part, sa voix chantée est magnifique.
Et que serait une comédie musicale réussie sans un orchestre de talent ? Celui-ci est dirigé par Laure Campion, également directrice musicale, et comporte une dizaine de musiciens.
Je ne connaissais que deux titres de cette comédie musicale : Ich gehör nur mir (Moi seule choisis ma vie) et Wenn ich tanzen will. J’ai découvert avec plaisir les autres thèmes musicaux, qui sont chacun associés à un personnage et reviennent à plusieurs reprises, comme dans certains opéras ou certaines comédies musicales (l’exemple le plus évident étant Les Misérables).
Au final, j’ai passé une excellente soirée en compagnie de l’impératrice Sissi. Il est rare de pouvoir assister à l’adaptation française d’une comédie musicale avec cette qualité de production : ne manquez pas cette occasion !
Elisabeth se joue jusqu’au 4 septembre, en plein air, dans la cour du château du Karreveld (Bruxelles). L’été prochain, le festival Bruxellons s’attaquera à un musical de légende : West Side Story.
Vous aimez la comédie musicale ?