Everybody’s Talking About Jamie est la comédie musicale qui fait parler d’elle en ce moment à Londres. Les critiques la comparent sans réserve à Billy Elliot ou à Dear Evan Hansen. A tort ? J’ai profité de mon week-end londonien pour me faire ma propre opinion.
Everybody’s Talking About Jamie est jouée depuis le 6 novembre 2017 à l’Apollo Theatre de Londres. On y suit les aventures de Jamie, un adolescent qui évolue dans une banlieue pauvre de Sheffield. Jamie se sent mal dans sa peau et son avenir le terrifie. Quand on lui demande ce qu’il veut faire plus tard, il répond : “Je veux être un garçon habillé en fille, je veux être une drag-queen”.
Sur un ton humoristique et souvent naïf, la comédie musicale raconte le parcours - linéaire et prévisible - de cet adolescent qui apprend à s’assumer tel qu’il est, malgré les propos parfois blessants de ses camarades de classe, de ses professeurs et de son père.
Le spectacle a le mérite de traiter le sujet sans pudeur ni pathos. Les dialogues, s’ils sont souvent vulgaires, sont emplis d’humour et d’auto-dérision. Cet angle d’approche, très intelligent, est certainement l’atout de la pièce. D’autres sujets tout aussi actuels sont abordés : le harcèlement des jeunes sur les réseaux sociaux, la transformation physique de l’adolescence, les interdictions religieuses.
Malheureusement, le reste ne suit pas. Les musiques de Dan Gillespie Sells sont plates et très mal arrangées. Les comédiens, s’ils ne sont pas mauvais dans leur jeu, manquent clairement de technique vocale. Cela vaut notamment pour le rôle principal, interprété par John McCrea, dont on a du mal à entendre la voix sur certains passages. L’album studio, s’il bénéficie d’un orchestre plus fourni, ne permet pas pour autant de découvrir la voix de John McCrea, qui manque clairement de puissance. On est loin de la partition de Billy Elliot, qui profitait du génie d’Elton John !
Enfin, contrairement à Kinky Boots par exemple, une pièce proche en terme de sujet, le visuel proposé ici est très pauvre, très froid. Les lumières de Lucy Carter sont toujours blanches, cliniques, presque sans vie. C’est un choix étonnant car il me semble à l’opposé total du message d’espoir et de tolérance porté par la pièce.
Bref, j’ai été déçu par cet Everybody’s Talking About Jamie, duquel j’attendais beaucoup. Cela dit, j’en suis sorti avec le sourire et plein d’énergie. Il s’agit clairement d’un feel-good musical, qui pour être honnête a tout de même profité d’une standing-ovation. Je ne peux que vous encourager à vous faire votre propre avis !