La production de Funny Girl qui se joue actuellement au théâtre Marigny est pour moi l'une des productions de comédie musicale les plus réussies de cette saison à Paris. Mais je laisse aujourd'hui la place à mon ami Rémi, qui nous livre son avis détaillé.
J'ai assisté, dimanche dernier, à la dernière production du théâtre Marigny : Funny Girl. Ayant encore en mémoire le splendide Guys and Dolls de l'an dernier, j'étais avide de découvrir ce nouveau musical, tout en redoutant de ne pas le trouver aussi magnifique que les productions précédentes de Jean-Luc Choplin.
Dès l'ouverture, j'ai été rassuré sur un point : comme promis, la musique de Jule Styne est intemporelle, et on se laisse entraîner sans difficulté dans l'univers des folies des années 1920.
Le lever de rideau a lui aussi apaisé mes inquiétudes : Jean-Luc Choplin s'est encore une fois entouré de ses artistes fétiches et j'ai retrouvé avec bonheur les signatures respectives de Peter McKintosh aux décors et costumes et Tim Mitchell aux lumières. Tous deux ont déjà collaboré avec le théâtre Marigny sur Guys and Dolls, et je salue à nouveau la qualité irréprochable de leur travail ! Le livret de Funny Girl nous transporte rapidement de lieux en lieux, d'un milieu social à un autre. Ces voyages ne seraient pas les mêmes sans les nombreux décors, la diversité des costumes et le soin apporté aux transitions entre les scènes.
Il ne m'a pas fallu non plus bien longtemps pour retrouver dans la mise en scène et les chorégraphies la patte si spécifique - et adorée ! - de l'incroyable Stephen Mear. Sans être au niveau d'un 42nd street ou du précédent Guys and Dolls, qu'il avait également chorégraphiés, Funny Girl reste visuellement une très belle production de Mear, avec une magnifique occupation de l'espace scénique.
Au service de cette production, à nouveau un casting exemplaire ! Je découvrais pour la première fois Christina Bianco sur scène. La diva aux milles voix ne peut décevoir dans le rôle de Fanny Brice, jeune fille ambitieuse qui deviendra une star de Broadway. Quel dynamisme ! Quel charisme ! Et surtout, quelle voix ! Bravo Madame, vous portez cette pièce d'un bout à l'autre !
À ses côtés, Nick Arnstein est interprété par le superbe Ashley Day. Habitué des scènes londoniennes, lui aussi est un nouveau venu dans l'univers de J.L. Choplin. Il est parfait dans le rôle de l'escroc séducteur que Fanny attendra patiemment pendant son temps derrière les barreaux. Avec sa magnifique voix, nul doute qu'il était fait pour donner la réplique à Christina !
Les autres artistes de la troupe ne sont pas moins excellents. Je saluerai l'hilarante Shirley Jameson dans le rôle de la vieille voisine commère, pour notre plus grand bonheur !
Finalement, je ne trouve qu'un point faible, mais pas des moindres, à cette œuvre : son livret. Inspirée de l'histoire vraie de Fanny Brice, Funny Girl a connu une genèse des plus difficiles dans les années 1960, et je ne suis pas convaincu par le résultat. L'histoire n'est pas, à l'origine, des plus incroyables et son déroulement comme son issue sont trop prévisibles à mon sens. J'espère que le prochain choix de cette dream team se portera sur une œuvre plus intéressante.
En résumé : si vous êtes fan du travail de Jean-Luc Choplin et des multiples talents dont il sait s'entourer, courrez au théâtre Marigny ! Funny Girl vous offrira une très belle soirée ! Mais si vous souhaitez découvrir le meilleur de la comédie musicale américaine, ce n'est pas cette oeuvre que je vous conseillerais en première intention.
Merci à Rémi der Träumer, mon invité pour cette critique de Funny Girl qui se joue jusqu'au 5 janvier 2020 au théâtre Marigny (Paris).