Critique : Ghost Le Musical au Théâtre Mogador
Publié le 22/10/2019 par Tony Comédie.
La découverte de la production de Stage Entertainment au théâtre Mogador est un événement que j’attends chaque année avec grande impatience. Cette saison, et à la surprise générale, c’est Ghost Le Musical qui a été choisi par Laurent Bentata et ses équipes pour investir le temple parisien de la comédie musicale.
Ghost est l’adaptation sur scène du film éponyme de 1990. Un soir, Sam (Grégory BENCHENAFI) se fait tuer sous les yeux de sa fiancée Molly (Moniek BOERSMA). Il devient un fantôme coincé sur terre parmi les vivants. Avec l'aide d'une fausse médium (Claudia TAGBO) qui découvre par la même occasion ses vrais pouvoirs, Sam suit la piste de sa propre mort et tente désespérément de communiquer avec Molly, qui ne peut ni le voir ni l'entendre, pour retrouver son meurtrier et la protéger.
Bien sûr, la production est de qualité. Les décors et les lumières sont à la hauteur de la réputation du théâtre. La mise en scène est particulièrement fluide, sans temps mort. Les comédiens, malgré un jeu parfois appuyé, s’en sortent avec brio (en particulier Claudia TAGBO, qui crève le quatrième mur).
Mais tous ces efforts de production sont vains sans une oeuvre de qualité. Quand un spectacle ne tient que 130 représentations à Broadway, ce n’est jamais bon signe... Bruce Joel Rubin (livret), Dave Stewart (paroles et musique) et Glen Ballard (paroles et musique) signent ici une comédie musicale très faible. Le livret est un peu léger (tout comme le scénario du film), mais ce qui pêche le plus sont la musique et les paroles.
A part le thème principal “Here Right Now” qui revient à plusieurs reprises, le reste de la partition est sans intérêt. Quant aux paroles, elles sont niaises et n’évoluent pas : j’ai eu l’impression d’entendre les mêmes paroles du début à la fin du spectacle. Résultat, l'émotion ne passe pas. Je ne remets pas en cause l’adaptation française de Nicolas Engel, qui nous a prouvé son talent sur les dernières productions de Stage, mais bien l’oeuvre originale.
Je ne comprends pas le choix de Ghost pour le théâtre Mogador. Je ne peux pas croire que seules les études de marché ont poussé Stage à produire une telle oeuvre et je ne pense pas que le public ciblé (comme l’a expliqué Laurent Bentata, il s’agit du “public TF1”, non adepte du “musical”) suffise à remplir le théâtre pour une saison complète. Derrière ce choix se cache certainement une volonté plus globale du groupe de rentabiliser une licence acquise pour l’Europe, après Moscou, Berlin, Hambourg et bientôt Stuttgart.
Bien sûr, je ne dis pas que la production est mauvaise. Je ne me suis pas ennuyé pendant les 2h30 de spectacle, car les moyens ont été mis pour tirer le maximum de cette oeuvre. Je suis simplement déçu de Stage France, qui, pour moi, a la responsabilité de faire découvrir au public français ce que la comédie musicale anglo-américaine a de mieux à offrir. Malheureusement, avec Ghost, on nous propose un spectacle dans la moyenne des productions parisiennes, mais très loin des grandes comédies musicales auxquelles on peut assister à Londres ou à New York.
Jusqu’à présent, Stage France a toujours su me convaincre. Même quand les réseaux sociaux pestaient contre le choix de Grease, je l’avais soutenu, et le résultat était clairement à la hauteur. Mais pour la première fois depuis longtemps, je ne retournerai pas voir “le spectacle de Mogador” deux, trois, quatre ou six fois, comme je l’ai fait les années précédentes. C’était divertissant, mais une fois m’a suffi.
Sans rancune - parce que je vous aime quand même - je vous retrouve donc l’année prochaine avec joie, en pleine Terre des Lions !
Boutique Ghost
Vous aimez la comédie musicale ?