Critique : Gypsy à la Philharmonie de Paris
Publié le 22/04/2025 par Tony Comédie.
J'attendais avec impatience cette toute première production en français de la comédie musicale Gypsy, l'une de mes comédies musicales américaines préférées. Mon avis sur cette production donnée à la Philarmonie de Paris, salle à l'architecture organique et futuriste que j'ai découvert pour l'occasion !
Cette toute première production française de ce grand classique américain (il est d'ailleurs à l'affiche de Broadway en ce moment) est une production hybride : dialogues en français et chansons en anglais, le tout dans une forme semi-mise en scène avec orchestre live. J'avais lu plusieurs critiques peu flatteuses du spectacle avant d'y assister... Je suis pourtant ressorti de la Philarmonie enthousiasmé !
Créée en 1959 à Broadway, Gypsy est souvent décrite comme la première grande comédie musicale à livret. Conçu par Arthur Laurents (livret), Stephen Sondheim (paroles) et Jule Styne (musique), le spectacle est d'une efficacité redoutable : on rit, on est ému et surtout, on ne s'ennuie jamais. Il retrace l’histoire de Rose, une mère envahissante et ambitieuse, qui pousse ses filles June et Louise sous les feux de la rampe dans l’Amérique du vaudeville. L’une finira actrice oubliée, l’autre deviendra Gypsy Rose Lee, une icône du strip-tease et de l’effeuillage.
La Philharmonie de Paris propose ici une version concert de l’œuvre, comprenez : sans décors, mais avec orchestre, costumes, et une scénographie légère qui met en valeur la musique et le jeu. Un format qui fonctionne étonnamment bien ! Quelques coupes dans le texte ont été opérées pour alléger la durée du spectacle, sans nuire à la compréhension de l’intrigue, même si certains passages comiques sont absents.
Côté distribution, c’est une réussite quasi parfaite. Tous les comédiens sont impeccables, aussi à l’aise dans le jeu que dans les numéros chantés et dansés. Mention spéciale à Natalie Dessay, qui incarne Rose avec justesse et intensité. Elle campe ce personnage mythique avec toute l’ambiguïté nécessaire : mère aimante, manipulatrice, pathétique, drôle et terrifiante à la fois.
La partition de Gypsy est un petit bijou, composée presque uniquement de tubes (Everything’s Coming Up Roses, You Gotta Have a Gimmick, Let Me Entertain You…). L’orchestre, dirigé avec brio, leur rend justice, même si l’acoustique très réverbérante de la salle empêche parfois d’apprécier pleinement la musique et les voix.
Trois petits bémols, toutefois. Le premier : la présence des comédiens sur scène dès l’ouverture musicale, qui détourne l’attention de cette séquence orchestrale. Le deuxième : un choix de mise en scène en fin de spectacle qui donne une tonalité plutôt heureuse au dénouement, là où la vraie vie de Gypsy Rose Lee – et l’esprit même du livret – appellerait une conclusion plus tragique. Le troisième enfin, je l’ai déjà évoqué : l’acoustique de la Philharmonie, parfaite pour un orchestre symphonique, se prête moins bien à l’intimité du théâtre musical.
Malgré ces quelques réserves, j’ai passé une excellente soirée. Cette production réussit à mettre en valeur un Gypsy sans artifice, avec une vraie exigence artistique. Elle nous rappelle, si besoin était, pourquoi ce spectacle est un pilier de l’histoire de Broadway : un livret brillant, des chansons inoubliables, et un personnage principal aussi complexe que captivant.
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