Critique : La Boule Rouge au Casino de Paris
Publié le 14/01/2019 par Tony Comédie.
La Boule Rouge est une comédie musicale originale de Constance Dollfus et Clément Hénaut créée il y a un an à Versailles et rejouée la semaine dernière pour une date exceptionnelle au Casino de Paris.
Le rideau s’ouvre sur un bar parisien des années vingt. Le jeune Charles, fils de bonne famille, y a ses habitudes. Mais le jour où son père apprend qu’il fréquente un lieu aussi sordide, la vie de Charles va basculer. Contre l’avis paternel et avec la complicité de sa mère, Charles rachètera le piano-bar pour le transformer en un lieu de fête branché.
La Boule Rouge est un jukebox musical dont la playlist - pour le moins éclectique - a été réorchestrée dans le style musical des années folles. Ces réarrangements sont inégaux (on ne touche pas à Céline Dion) mais ont le mérite de proposer une certaine uniformité sonore. Et si les chansons sont souvent illustratives (rares sont les jukebox musicaux dont les chansons permettent de faire véritablement avancer l’action), elles sont très bien choisies. J’ai pris beaucoup de plaisir à entendre du Nine, les Pointers Sisters ou encore Plan B. La présence d’un orchestre de jazz, mené par le pianiste Simon Legendre, y contribue largement, tout comme le très bon travail de sonorisation.
La scénographie est efficace, quoique parfois brouillonne (la faute à un trop grand nombre de comédiens sur scène, mais j’y reviendrai). L’orchestre est mis en scène avec brio, caché ou au contraire mis en valeur selon les besoins. La création lumière manque cruellement d’éclairage de face mais reste tout à fait honorable.
Finalement, le principal problème du spectacle réside dans son livret, linéaire, sans rythme ni rebondissements. Les personnages sont beaucoup trop superficiels et mériteraient d’être retravaillés en profondeur - ils sont tellement peu identifiables que j’en ai confondus plusieurs au cours de la pièce. Ce problème de perte de repères est également dû au trop grand nombre de personnages principaux et d'intrigues secondaires (comme si les auteurs avaient voulu offrir un grand rôle à chacun de leurs personnages).
Enfin, le spectacle est beaucoup trop long pour le peu d’action qu’il contient et gagnerait à être compressé. A titre de comparaison, seuls Les Misérables de Boublil et Schönberg atteignent une durée de 2h45 actuellement à Londres, or il s’y passe une quantité d’événements incalculable !
Pour être franc, je me suis ennuyé pendant la représentation. C’est dommage, car les codes de la comédie musicale semblent être totalement assimilés par les auteurs (des références à Hairspray ou même aux Misérables sont identifiables sur certaines scènes).
Mes seuls antidotes à l’ennui ont été les formidables chorégraphies d’Eva Tesiorowski et la fraîcheur des comédiens, souvent jeunes et talentueux, en tous cas prometteurs, malgré un stress palpable.
La Boule Rouge sera de retour au Théâtre des Variétés (Paris) à partir du 29 avril 2019. Des coupes sont déjà prévues par les auteurs - je vous invite à vous rendre aux Variétés pour vous faire votre propre avis sur cette nouvelle version !
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