Critique : La Petite Boutique des Horreurs à l'Opéra Comique (Paris)

Publié le 18/12/2022 par Tony Comédie.

Pour finir l'année 2022 en beauté, l'Opéra Comique a (enfin !) programmé une comédie musicale ! Et pas n'importe laquelle : La Petite Boutique des Horreurs.

La Petite Boutique des Horreurs (Little Shop of Horrors) a été créée Off-Broadway en 1982 par Alan Menken (musiques) et Howard Ashman (paroles et livret). Le duo n'est pas inconnu, puisqu'on lui doit également les musiques et les paroles de La Petite Sirène, de La Belle et la Bête et d'Aladdin.

L'action se passe dans les années 60. Seymour travaille chez un petit fleuriste de quartier, et est secrètement amoureux de sa collègue Audrey. Son patron, désespérant l'absence de clients, annonce qu'il va devoir mettre la clé sous la porte. Seymour propose alors de mettre en vitrine une plante inconnue trouvée le jour d'une éclipse. Intrigués par l'aspect étrange de la plante, les clients affluent. Cependant, alors qu'elle grandit, la plante s'avère de plus en plus... monstrueuse !

On ne peut que saluer ce choix audacieux de l'Opéra Comique, qui propose habituellement une programmation de qualité certes, mais plus classique. Pour l'occasion, le théâtre a mis les petits plats dans les grands : le lobby a été décoré de plantes grimpantes et les ouvreurs coiffés de tentacules végétales.

Le choix d'opter pour une comédie musicale humoristique et décalée (dans la même veine que Les Producteurs) est payant. Le spectacle est dynamique et on y rit beaucoup. 2022 est pour moi l'année de la Petite Boutique des Horreurs puisque j'ai assisté en octobre dernier à la production actuellement jouée Off-Broadway. Si la production new-yorkaise est visuellement parfaite (décors, lumières, costumes), je m'étais un peu ennuyé et avais peu ri. A contrario, j'ai passé une soirée mémorable à l'Opéra Comique !

Tout comme son homologue américain, cette production a fait le choix d'un décor unique et central, celui de la boutique de fleurs de M. Mushnik, dans un style à la Edward Hopper. Le design et la manipulation de la fameuse plante sont extrêmement bien réalisés. Bravo a Carole Allemand (marionnettiste) et à Sami Adjali (manipulateur) pour cette prouesse !

A mi-chemin entre la comédie musicale et le chant lyrique, les prestations vocales de Marc Maurillon (Seymour) et Judith Fa (Aufrey) sont très justes. Ils parviennent à ne pas copier leurs confrères du long-métrage (adapté du spectacle) sans pour autant choquer l’oreille d'un spectateur averti. Leurs interprétations de Somewhere That's Green et Suddenly, Seymour sont vraiment très bonnes et plus généralement, le second degré indispensable au succès de la pièce est parfaitement rendu.

Tous les codes du genre sont présents, et on se croirait à Mogador, à feu le théâtre du Châtelet ou dans un théâtre de Broadway. La présence d'un orchestre d'une dimension conséquente apporte dynamise et relief à la production. Mon seul bémol concerne des transitions entre scènes pas toujours fluides, j'aurais aimé voir moins de noirs lumière.

L'Opéra Comique a fait un pari osé, mais qui pour moi est totalement réussi. La Petite Boutique des Horreurs se joue jusqu'au 25 décembre à l'Opéra Comique (Paris). Vivement Noël prochain ?

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DVD du film (1960)

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