Critique : Le Rouge et le Noir au Palace

Publié le 04/10/2016 par Tony Comédie.

C’est au milieu d’un public visiblement très enthousiaste que j’ai pu assister à la deuxième représentation officielle du Rouge et le Noir, le nouveau spectacle produit par Albert Cohen (Les Dix Commandements, Mozart l’Opéra-Rock, Le Roi Soleil, Mistinguett) et co-écrit par Zazie et Vincent Baguian.

J’attendais beaucoup de ce spectacle qui s’inspire d’un de mes romans préférés d’adolescente. J’avais déjà été séduite par les chansons de l’album mais j’étais particulièrement curieuse de voir comment l’équipe artistique a pu mettre en scène ce monument de la littérature romantique.

Le spectacle retrace l’histoire de Julien Sorel, fils de charpentier fasciné par l’empereur Napoléon Bonaparte, qui rêve de s’élever dans la société. Le héros, qui tente d’embrasser la carrière ecclésiastique, deviendra précepteur des enfants de Mr et Mme de Rênal et tombera éperdument amoureux de la femme de Monsieur. Le spectacle nous raconte l'histoire d’amour impossible de ces deux amants.

On peut parfois reprocher aux spectacles musicaux français un manque d’originalité dans les paroles, ce qui n'est pas le cas ici. La grande force du spectacle réside dans les textes riches et poétiques de Zazie et Vincent Baguian, deux grandes pointures de la chanson française. L’atmosphère du livre de Stendhal est parfaitement retranscrite et les chansons dépeignent bien les sentiments des personnages et leur vision de l’amour. Les titres sont très accrocheurs : "La gloire à mes genoux", "Les maudits mots d’amour", "Dans le noir, je vois rouge"...

Le casting est exceptionnel. Certains artistes tirent davantage leur épingle du jeu comme Yoann Launay (The Voice) qui incarne Géronimo, un artiste en vogue qui a su s’attirer les sympathies de la bourgeoisie tout en gardant un regard amusé sur celle-ci et qui deviendra le meilleur ami de Julien Sorel. Il joue aussi le rôle de narrateur et de "maître de cérémonie" et possède un talent d’interprète indéniable. Côme (The Voice) est parfaitement crédible en Julien Sorel, personnage fougueux, rebelle et tourmenté. Haylen (encore The Voice !) incarne Mme de Rênal, une femme tiraillée entre ses devoirs et son amour pour Julien. Elle est aussi bouleversante dans son interprétation de "Je vous laisse hélas".

La mise en scène est également très originale puisque le plateau est divisé en deux parties. Les artistes occupent le bas de la scène tandis que le haut est réservé aux cinq musiciens. Le fait de voir ces derniers jouer en live est un vrai plus et l’énergie pop-rock des chansons transparaît davantage que sur l'album studio.

Des écrans viennent compléter la mise en scène, assurent les changements de tableaux et suggèrent les instants dramatiques de l’histoire. Les artistes nous donnent parfois l’illusion de faire évoluer le décor eux-mêmes. Au final, cela fonctionne très bien.

Même si on peut noter un manque de fluidité lors les changements de tableaux et entre les parties théâtrales et les parties chantées, cela ne gâche en rien le spectacle qui ne nous ennuie pas un seul instant.

Si vous ne l’avez pas encore vu, ce spectacle va vraiment vous surprendre ! Parmi les nombreuses productions proposées en cette rentrée, il est certain que Le Rouge et le Noir est en bonne place...

Merci à Victoria Richard, rédactrice invitée pour cette critique.

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