Critique : Les 10 Commandements à L'AccorHotels Arena
Publié le 24/11/2016 par Tony Comédie.
Je laisse aujourd'hui la place à mon ami Rémi Der Traümer pour cette critique du spectacle musical Les 10 commandements.
Un peu plus de seize ans après ses débuts, la nouvelle édition de Les dix commandements était très attendue par les fans de la première heure de la comédie musicale écrite par Elie Chouraqui et composée par Pascal Obispo. Après plus de 3h30 dans la grande salle de l'AccorHotels Arena, je suis sorti frustré par un spectacle et des conditions de représentation décevantes.
Reprenant le mythe fondateur des trois grandes religions monothéistes, le livret d'Elie Chouraqui présente l'histoire - considérée connue de tous - de la vie de Moïse, à grande force de bons sentiments, comme un message de paix et de tolérance qui trouve écho dans les évènements que nous connaissons actuellement.
J'ai pourtant trouvé que la narration des dix commandements manquait de continuité. Il s’agit d’un défilé de tableaux, sans aucun dialogue ou presque entre les chansons, ne donne pas l'impression d'un récit continu mais plutôt de photographies prises à différents moments de la vie de Moïse qui laissent au spectateur la responsabilité de se situer dans l'histoire.
Les décors de Giantito Burchiellaro et les costumes de Sonia Rykiel sont attendus mais efficaces. Cadres agréables pour l'ensemble du spectacle, je leur trouve néanmoins un défaut majeur : l'utilisation de la vidéo, décevante encore plus aujourd'hui qu'en 2000. Des écrans affichent la plupart du temps des images de monuments comme des sphinx ou des pyramides. J'attendais leur rôle narratif dans des scènes comme celles des plaies d'Égypte ou l'ouverture de la mer Noire, qui s’avèrent très en deçà de leur portée dramatique. Ainsi, dans les deux cas, la recherche d'effets stylistiques médiocres nuit à la compréhension, perdant un peu le spectateur.
Malgré tout, chacun des tableaux de l'histoire est soigneusement construit sur deux points. D'une part, les musiques de Pascal Obispo, rythmées et efficaces. On a envie de chanter pendant tout le spectacle, c'est certain ! On en oublie la mièvrerie de paroles parfois simplistes.
Et de l'autre côté, les chorégraphies de Kamel Ouali. Sur ce point, j'ai été encore plus bluffé qu’en sortant de la première édition. Ces chorégraphies sont de styles variés, parfois acrobatiques et dans l'ensemble impressionnantes !
La troupe de danseurs était d’ailleurs idéalement composée. Pluridisciplinaires, ces artistes sont presque omniprésents, et chauffent la salle au moins autant que les chanteurs, cantonnés à des rôles plus statiques.
Je n'ai en effet été qu'à moitié convaincu par le casting vocal de cette production. On retrouve sur scène une partie des artistes d'origine des dix commandements : Anne Warin, le souffle court, est moins touchante qu'avant dans le rôle de la mère de Moïse, alors qu'au contraire, j'ai préféré la prestation de Lisbet Guldbaek (la princesse égyptienne qui recueille le nourrisson), qui convainc plus qu'il y a 15 ans. Dans l'ensemble, j'ai plutôt apprécié la distribution féminine de cette production, avec en particulier Cylia qui propose une Sephora sauvage, passionnée et envoûtante.
Chez les hommes, Joshaï est idéal dans le rôle de Moïse, avec notamment un bon jeu d’acteur et des qualités vocales impressionnantes. Merwan Rim en revanche va de mal en pis au cours de la représentation, tournant en ridicule les interventions de Ramsès à cause de prestations vocales très décevantes de la part d'un chanteur qui nous avait habitués à mieux !
Toutefois, le spectacle m'a été vraiment gâché par les conditions de représentation. Si je concède à l'AccorHotels Arena la capacité d'abriter de très nombreux spectateurs, cette salle n'est pas adaptée à ce genre de spectacle. Malgré une place en première catégorie, je n'ai pu suivre le spectacle que grâce aux écrans qui diffusaient quelques images de la scène, sans aucune visibilité d’ensemble de la scène.
Les ingénieurs du son sont également passés à côté de l'objectif, sonorisant ce spectacle comme un concert de rock : bien trop fort pour pouvoir l'apprécier, ou même comprendre distinctement les paroles des chansons ! De telles conditions ont démobilisé les spectateurs, et les rangs autour de moi se sont vidés à l’entracte. La troupe forçant un second rappel à la fin du spectacle alors que la salle commençait à se vider témoigne bien de la déception d’une partie des spectateurs.
Les dix commandements part en tournée dans toute la France. Fans de la première heure, vous serez certainement extatiques d’attendre en live ces succès de votre jeunesse ! Pour les autres, je pense qu'il vous sera plus agréable d'acheter le DVD : vous passerez une meilleure soirée confortablement installés dans votre canapé.
Merci à Rémi Der Traümer (remidertraumer@gmail.com), rédacteur invité pour cette critique !
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