Critique : Les Misérables au Théâtre du Châtelet (Paris)
Publié le 12/12/2024 par Tony Comédie.
Le retour des Misérables à Paris est un événement important pour les fans de comédie musicale. Confiée à Ladislas Chollat, metteur en scène connu pour des productions que j'ai apprécié (Résiste, Molière), cette nouvelle mise en scène est-elle à la hauteur d'une œuvre exigeante ?
Il est difficile de croire que la comédie musicale Les Misérables est née dans une salle parisienne, sous la plume de deux français : Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil. Cette première version de 1980, si elle marqua les esprits, ne connut pas un triomphe immédiat. C’est en 1985, grâce à une adaptation anglaise produite par Cameron Mackintosh, que Les Misérables devient un succès mondial. Aujourd’hui, la production londonienne est la plus ancienne comédie musicale encore jouée aujourd'hui.
Les Misérables, adapté du roman de Victor Hugo, suit les destins croisés de plusieurs personnages, sur fond de lutte des classes et de Commune de Paris. Jean Valjean, ancien bagnard en quête de rédemption, est poursuivi sans relâche par l’implacable inspecteur Javert. Autour d’eux gravite une galerie de figures marquantes : Fantine, une mère sacrificielle ; sa fille Cosette ; son amoureux Marius ; et Éponine, éprise d’un amour impossible.
Ce retour des Misérables à Paris (et en français !) marque une sorte de revanche pour cette œuvre résolument française. Mais plutôt que d’importer la version londonienne, le co-producteur Stéphane Letellier a choisi de faire appel à Ladislas Chollat pour créer une nouvelle mise en scène qui se veut plus contemporaine et audacieuse.
La scénographie, signée Emmanuelle Roy, vise certainement à moderniser l'oeuvre, mais se révèle décevante. Là où l’on s’attendait à des décors imposants et immersifs, on se retrouve face à des décors réalistes pas assez nombreux à mon goût, accompagnés de blocs architecturaux multi-fonctions et de projections vidéo. Les scènes de foule, pourtant cruciales dans une œuvre mettant en scène la lutte et le combat populaires, manquent de clarté et d’impact visuel, y compris lors de la scène emblématique clôturant le premier acte.
Dans une comédie musicale aussi exigeante que Les Misérables, la qualité des interprétations est essentielle. Le grand regret de cette production réside, selon moi, dans l’interprétation de Jean Valjean. La performance vocale du comédien déçoit au premier acte. Le Bring Him Home / Comme Un Homme du deuxième acte rattrape avec une performance à couper le souffle.
Mention spéciale à Océane Demontis dans le rôle d'Eponine. Sa voix exceptionnelle porte chaque note avec une justesse et une émotion exceptionnelles. Son On My Own / Mon Histoire est un véritable moment de grâce, qui lui a d'ailleurs valu une ovation du public.
Les Misérables est une œuvre d’une puissance narrative indéniable. Le livret, bien que parfois daté dans la formulation de certaines paroles (la réécriture réalisée pour cette nouvelle production n'est pas allée assez loin à mon avis), continue de résonner grâce à des thématiques universelles : le pardon, la justice sociale et l’amour.
Le public (moi y compris) ne s’ennuie pas un instant. Des morceaux emblématiques comme Do You Hear The People Sing? / A La Volonté du Peuple ou I Dreamed A Dream / J'avais Rêvé conservent leur capacité à émouvoir. Pour les néophytes, cette version des Misérables est une excellente introduction à une œuvre qui a marqué l’histoire de la comédie musicale. Mais pour celles et ceux qui recherchent l’expérience Les Misérables ultime, le voyage à Londres reste nécessaire.
Pour réserver vos billets pour Les Misérables à Paris, cliquez ici. Pour réserver vos billets pour Les Misérables à Londres, cliquez ici.
Vous aimez la comédie musicale ?