Critique : Quand La Guerre Sera Finie au festival d'Avignon 2017
Publié le 27/07/2017 par Tony Comédie.
Comme l’année dernière, j’ai passé quelques jours de mon été en Avignon ; l’occasion de découvrir une dizaine de pièces plus ou moins réussies. Parmi elles, un coup de cœur : la comédie musicale Quand la guerre sera finie.
En 1942, entre le Cabaret de la Rose Noire à Paris et la gare de Saint-Dizier, six personnes que rien ne destinait à se rencontrer se retrouvent mêlées au sabotage d’un train allemand. La domination Nazie a laissé en France beaucoup d’interrogations et de doutes non résolus. Collabo, résistant… les rôles ont été distribués par l’histoire. Mais comment choisir son camp ? Avait-on le choix ? Qu’aurions-nous fait à leur place ? Telles sont les réflexions à l’origine de Quand la guerre sera finie.
Qui parmi les fans français de comédie musicale n’a jamais rêvé de la création d’un véritable musical en France ? Soyons honnêtes, les productions françaises du niveau d’un Billy Elliot ou d’un Phantom sont très rares. Oliver Twist s’en est approché la saison dernière, mais malgré une partition à la hauteur et un casting bourré de talents, on ne se sentait pas à Broadway. Quant aux oeuvres de Boublil et Schönberg, elles ne seraient pas ce qu’elles sont sans le travail du producteur britannique Cameron Mackintosh (écoutez par curiosité l’enregistrement original des Misérables avec Michel Sardou dans le rôle d’Enjolras).
L’heure a peut-être sonné avec Quand la guerre sera finie. Certes, c’est un peu triché car le compositeur, Nicholas Skilbeck, est britannique. Et quel CV ! Diplômé de l’Académie Royale de Musique de Londres, il a été directeur musical à Londres ou à Broadway de Charlie et la Chocolaterie, Follies, Sweeney Todd, Sister Act, Billy Elliot et j’en passe. Mais l’auteure Marie Céline Lachaud, le metteur en scène Christophe Luthringer et la production sont bien français.
En parlant de mise en scène, celle-ci est sobre mais terriblement efficace. Un peu comme dans le revival de Chicago actuellement à l’affiche de Broadway, les comédiens sont constamment présents sur scène. Quand ils ne jouent pas, ils prennent place sur des chaises disposées à cour et à jardin. Quand ils jouent, ils sont d’une justesse incroyable. Il faut dire que le casting est formidable. On retrouve avec plaisir Marie Oppert (Les parapluies de Cherbourg, Châtelet), Sophie Delmas (Mamma Mia!, Mogador) et Arnaud Denissel (Les Fiancés de Loches, Palais Royal) qui n’ont rien perdu de leur talent.
L’écriture est belle et poétique, les chansons font avancer l’action. Les contre-chants et les underscores sont nombreux, les choeurs de l’ensemble poignants. On ne peut tergiverser, il s’agit bien d’un musical à l’anglo-saxonne. On sent - pour ne pas nous déplaire - quelques influences dans l’écriture de la partition : Stephen Sondheim par ici, Michel Legrand par là.
Je suis très curieux de suivre l’évolution de cette pièce. Avec plus de moyens, l’équipe créative sera tentée d’ajouter des décors, peut-être même un ensemble plus conséquent. Cela peut-être sublime (je pense aux décors et aux lumières magnifiques du revival actuel de Miss Saigon)... ou totalement destructeur (je ne citerai pas d’exemples).
Si je devais donner un bémol, je conseillerais à l’équipe créative d’appuyer un peu plus la dimension comique du duo Gaby et Célestin. En effet, tels les Thénardier dans Les Misérables, ils pourraient apporter une dose de rires au milieu d’une histoire résolument tragique. Enfin, l'affiche du spectacle pourrait être simplifiée et beaucoup plus percutante.
Pour la suite de l’aventure, j’ai ouï dire qu’une version avec orchestre était actuellement sur les rails. A quand Paris ? En attendant, Quand la guerre sera finie est accompagnée d’un pianiste tous les jours à 13h20 au Théâtre du Nouveau Ring (Avignon) jusqu’au 30 juillet 2017.
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