Après Robin des Bois et Les Trois Mousquetaires, le duo Couiller / Ciurleo récidive en produisant Saturday Night Fever, spectacle musical adapté du célèbre film de 1978. Mon avis.
Pour mémoire, le film Saturday Night Fever (La Fièvre du Samedi Soir) a révélé au grand public John Travolta sur la musique disco des Bee Gees. John Travolta incarne Tony Manero, un jeune New-Yorkais de Brooklyn qui fuit son quotidien morose en se métamorphosant chaque week-end en accro du dancefloor. Un jour il rencontre Stéphanie, une danseuse incroyable qui rêve de quitter Brooklyn pour un avenir plus épanouissant sur l’île de Manhattan. Le duo que tout semble opposer décide de participer à un concours de danse organisé par la boîte de nuit du quartier. Stéphanie fera tourner la tête de Tony, a priori trop jeune et trop macho pour elle…
Je n’ai pas eu la chance d’assister à la production scénique originale de Saturday Night Fever dans le West End de Londres en 1998, mais il s’agit apparemment du même livret, manifestement de qualité. Gwendal Marimoutou joue à la perfection le rôle d’un narrateur très présent mais indispensable à la structure narrative. En effet, tout l’enjeu était de tenir plus de deux heures trente avec un argument extrêmement succinct. Je dois dire que c’est réussi, car je ne me suis pas ennuyé un instant. Gwendal n’hésite pas à faire participer le public, qui sans être aussi hystérique que pour Résiste se déhanche avec un plaisir certain.
Le visuel est lui aussi remarquable. Je n’ai que rarement vu des décors et des lumières d’aussi bonne qualité à Paris (j’exclus de la comparaison les productions de Stage et du Châtelet). La mise en scène de Stéphane Jarny (Love Circus, Disco, Salut les copains) est aussi à saluer. Les transitions sont fluides, sans aucun temps mort, grâce à un plateau tournant peu original mais terriblement efficace. Ce qui saute aux yeux est l’incroyable cohérence graphique, que j’avais déjà signalé pour Résiste, mais qui reste assez rare. En effet, on retrouve sur scène plusieurs éléments de l’affiche. Ces détails font toujours la différence !
La musique des Bee Gees un peu vieillissante a été accélérée et réarrangée pour l’occasion. La belle Fauve Hautot (Stéphanie) s’y déhanche avec un talent indéniable et m’a bluffé lors des séquences dialoguées, qu’elle joue à la perfection. Ce n’était malheureusement pas le cas du sexy Nicolas Archambault (Tony), dont l’intérêt résidait plus dans ses abdominaux que dans ses talents d’acteur.
Lorsque j’ai vu le film pour la première fois, j’ai été surpris des problématiques sociales et sociétales abordées - n’oublions pas que le film est sorti en 1978. J’attendais le spectacle sur ces sujets. On y retrouve clairement la fracture sociale qui sépare/séparait Manhattan et Brooklyn. La contraception et l’avortement y sont aussi évoqués. Cependant, les sujets plus violents sont habilement contournés : la drogue, présente dans le film, est absente du spectacle. Enfin, la scène de viol dans la voiture a été très largement atténuée. Je comprends aisément la volonté d’un faire un spectacle familial. Je trouve toutefois dommage d’occulter ce qui faisait à mon avis la force du film.
J’ai passé une très bonne soirée, incomparable avec les supplices subis à l’époque de Robin des Bois ou des Trois Mousquetaires, pourtant poussés par les mêmes producteurs. Certains me diront qu’on est loin des grands “book-musicals”. Certes, mais je leur répondrais que le genre est différent. L’exécution est bonne, les moyens sont là, le public est conquis. Saturday Night Fever est un très bon divertissement.
Saturday Night Fever est joué au Palais des Sports de Paris jusqu’au 30 avril 2017, puis partira en tournée.