Si vous avez déjà eu la chance d'assister à une comédie musicale ou à une pièce de théâtre à Broadway, vous savez que les placeurs distribuent en guise de programme le magazine Playbill du mois, avec en couverture l'affiche du spectacle que vous êtes venu voir. Mais dans certains cas, comme pour les comédies musicales de Disney (Mary Poppins, Aladdin), ou plus récemment pour Harry Potter And The Cursed Child, les spectateurs n'ont pas droit à un Playbill... mais à un Showbill ! La charte graphique est exactement la même, seul le titre du magazine change.
Pour bien comprendre, il faut rappeler que la société Playbill imprime des programmes pour des théâtres situés sur l'ensemble du territoire américain. Tous ne se présentent pas sous le titre "Playbill". Pour les spectacles joués en province, il sera question de Stagebill, du nom d'une société concurrente qui a été rachetée par Playbill il y a quelques années. Pour les spectacles du Off-Off-Broadway, ce sera On Stage.
Et pour Broadway et le Off-Broadway alors ? C'est très différent. Alors que dans le cas des Stagebill et des On Stage, l'impression des programmes est financé par la production du spectacle, les rapports de force sont inversés pour Broadway et le Off-Broadway. Les annonceurs du magazine sont très intéressés par le public de Broadway, qui fait partie des classes socio-professionnelles les plus aisées. Les producteurs de ces spectacles n'ont donc pas à payer Playbill pour que le magazine soit distribué aux spectateurs... en tous cas dans le cas d'une impression en noir et blanc ! Car la couverture couleur est une option payante, que chaque producteur peut décider de s'offrir ou non.
Et les Showbill dans tout ça ? C'est l'option tout confort que seules des productions richissimes (ou ne voulant pas choquer la morale américaine dans le cas des spectacles pour enfants) peuvent s'offrir. En effet, si la ligne éditoriale d'un Playbill est imposée par le magazine, dans un Showbill, la production du spectacle peut décider quelle page elle souhaite garder. Dans le cas de Disney, la firme ne souhaitait pas promouvoir le tabac et l'alcool et a fait supprimer ces publicités.
Last but not least, pourquoi avoir renommé ces programmes Showbill ? C'est finalement assez simple à comprendre. Les annonceurs payent Playbill pour être diffusés dans Playbill. S'ils ouvrent un Playbill et qu'ils ne trouvent pas leur publicité, ils risquent d'attaquer la société. D'où l'astuce du changement de nom !
Il est possible de s'abonner au magazine Playbill, même si vous résidez en France ! Je suis moi-même abonné depuis quelques années, et c'est vraiment la classe de recevoir chaque mois ce magazine emblématique de Broadway. Pour s'abonner, ça se passe par ici.